Jos�-Maria de Heredia-Pierre Lou�s, Correspondance in�dite (1890-1905), accompagn�e de documents in�dits et d�annexes, �dition �tablie, pr�sent�e et annot�e par Jean-Paul Goujon, Paris, Honor� Champion, 2006, 272p. Cette correspondance crois�e, compos�e d�un corpus de 189 lettres, souligne � la fois des liens d�admiration, mais aussi d�affection entre l�auteur des Troph�e - homme appr�ci� de tous par son affabilit� et son app�tit de vie - et son futur gendre (Pierre Lou�s �pousera en 1899 Louise de Heredia) qui deviendra un habitu� du salon de Heredia. Ce fut une vie de famille plut�t tourment�e, mais beau-p�re et gendre avaient en commun une admiration pour Ronsard, Ch�nier et Hugo et une passion d�vorante pour la bibliophilie, d�autant que Heredia dirigera la biblioth�que de l�Arsenal depuis 1901. De m�me, ils avaient en commun un go�t prononc� pour l�arch�ologie qui se r�v�le, passim, dans cette correspondance crois�e. Pierre Lou�s fut un gardien fid�le de la m�moire de son beau-p�re et participa � la publication posthume de certains de ses sonnets in�dits mais ne put mener � terme la publication des �uvres compl�tesde Heredia, �tant brouill�, depuis son divorce, avec sa belle-famille. D�s l�avertissement, on apprend qu�il ne s�agit pas d�une correspondance exhaustive, et que des lacunes subsistent concernant les ann�es 1891, 1895, 1899 et l�automne 1900. Le volume est agr�ment� de deux lettres : l�une de Pierre Lou�s, d�une grosse �criture quelque peu enfantine (1896) et l�autre, de Heredia, parfaitement calligraphi�e (1904). La correspondance, vari�e, aborde plusieurs th�mes, allant des soucis familiaux parfois prosa�ques, � des r�flexions �rudites concernant le domaine de la bibliophilie notamment � propos de la po�sie du XVIe si�cle. On trouve aussi des amabilit�s de bon aloi entre po�tes (Pierre Lou�s est souvent en voyage � l��tranger), des confidences, des ragots sur les intrigues pour briguer l�Acad�mie. Le ton, souvent l�ger voire badin, chez Heredia, est agr�ment� d�une �rudition fine et d�licate, chez le plus jeune ! Le critique s�int�ressera davantage aux lettres de Pierre Lou�s concernant la gen�se de ses romans comme Aphrodite, Les Aventures du roi Pausole ou La Femme et le pantin, au go�t de l��poque pour l��gyptologie, aux multiples allusions consacr�es � l�univers journalistique (notamment Le Journal), au rapport entre auteurs et �diteurs, et � son rejet du projet de r�forme de l�orthographe (1904). En annexes, on trouvera quelques documents suivant la mort de Heredia. Une table de fiches signal�tiques des lettres permet une vue synth�tique et chronologique de cette correspondance. Une trop courte bibliographie - mais cependant utile - des sources manuscrites et imprim�es s�ensuit. Finalement, un index des noms cit�s dans les lettres et les annexes facilite la lecture de l�ensemble. Les notes situ�es � la fin de chaque lettre laissent place � une �rudition claire et rigoureuse, poussant parfois le souci d�ontologique, � reconna�tre tel ou tel manque. Un apport indispensable pour mieux cerner la fin du mouvement parnassien et ses m�tamorphoses vers une autre modernit� ! Est-il l�gitime de publier de fa�on parcellaire la correspondance des �crivains, que ce soit celle de Banville ou celle de Heredia ? Le parti pris �ditorial r�pond par l�affirmative dans la mesure o� il s�agit d�une aide pour �clairer la biographie de l�auteur ou la gen�se de telle ou telle partie de l��uvre. Dans le cas de Banville, c�est la quasi simultan�it� entre la production po�tique (Odes funambulesques) et narrative (Esquisses parisiennes) qui est soulign�e et cela brise l�image d�un Banville per�u comme un habile acrobate du vers. Et la publication chez le m�me �diteur, la m�me ann�e, d�une partie de la correspondance in�dite du ma�tre pr�curseur du mouvement parnassien (Banville) et celle du ma�tre reconnu par l�institution acad�mique (Heredia) ne fait que d�montrer la complexit� de ce mouvement et de ses transformations esth�tiques. Philippe ANDRES |