Charles Nodier, Jacques-Remi Dahan (org.), Fragmentos, n� 31, juil./ d�c. 2006, 150 p. La revue br�silienne Fragmentos consacre un num�ro sp�cial � Charles Nodier. Jacques-Remi Dahan, � qui l�on doit cette heureuse initiative, s�est employ� depuis un certain temps � mieux faire conna�tre l��uvre de celui-ci, dont il a publi� entre autres la correspondance de jeunesse (Droz, 1995) et les �tudes consacr�es au seizi�me si�cle (Plein chant, 2005). Son objectif est ici de � retracer un portrait �clat� mais fid�le � de l�auteur, en pr�sentant quelques facettes de son activit� d��crivain, de bibliophile et de chercheur. Au total, huit �tudes consacr�es � l��uvre narrative, critique et journalistique de Nodier et � sa situation dans l�histoire du premier XIXe si�cle. De tous les �crits de Nodier, l��uvre narrative est incontestablement la plus connue depuis la publication par Pierre-Georges Castex des Contes dans la collection Garnier fr�res en 1960. Le champ d�investigation n�est pour autant pas clos comme le montrent trois des contributions : Hermann Hofer propose de relire son roman de jeunesse, Les Proscrits, dans une perspective post-r�volutionnaire ; Francis Claudon choisit l�angle comparatiste pour montrer l�originalit� de Smarra, o� se trouvent combin�es �troitement r�f�rences antiques et modernes, et Daniel Sangsue met en lumi�re le traitement ambigu du motif des fant�mes, gr�ce � la confrontation d�un certain nombre de ses contes. L�int�r�t que Nodier, comme M�rim�e, eut pour les mystifications fait �galement l�objet de l�attention de deux auteurs : Didier Barri�re creuse la nature de ses relations avec Francisque Michel pour d�gager des affinit�s inattendues entre leurs �uvres et Jean-Fran�ois Jeandillou �tudie le r�le qu�il a jou� dans le succ�s de la supercherie des Romances pseudographes de Clotilde de Surville, en repla�ant l��pisode dans la perspective plus large des mystifications auxquelles il s�est port� ou int�ress�. C�est ensuite la place de Nodier dans l�histoire du romantisme qui est interrog�e. Christian Galantaris revient sur les diff�rents portraits que les contemporains ont faits de lui, et Vincent Laisney se penche sur les oppositions esth�tiques entre les groupes romantiques constitu�s autour de Stendhal et de lui-m�me, pour les nuancer. Jacques-Remi Dahan aborde enfin un pan m�connu de la production de Nodier relatif � l��ducation. Il retrace l��volution de ses positions en mati�re de p�dagogie, de 1815, date de ses premi�res attaques contre les m�thodes lancast�riennes de l�enseignement mutuel qui viennent d��tre introduites en France, jusqu�aux ann�es 1830, o� il �labore un syst�me �ducatif utopique destin� � un monde nouveau. Ce num�ro sp�cial sur Nodier se pr�sente comme un floril�ge ; les articles sont juxtapos�s, sans vraie coh�rence. Ceci est la loi du genre. Mais on ne peut s�emp�cher de regretter le caract�re in�gal du recueil, que l�intention de rester le plus fid�le possible � l��uvre de Nodier ne suffit pas � motiver : certains articles frappent en effet par la t�nuit� de leur sujet ou par le caract�re succinct de leur d�monstration (voir en particulier les �tudes de Galantaris et de Hofer) et contrastent fortement avec d�autres qui s�apparentent � de petits essais dont le propos d�passe largement le cadre monographique (voir par exemple les �tudes de Dahan, de Barri�re ou de Jeandillou sur la supercherie et l�utopie �ducative). Malgr� ce d�s�quilibre, l�initiative de Jacques-Remi Dahan m�rite tout � fait d��tre lou�e : les articles rassembl�s ici ouvrent en effet des pistes riches qui sont autant d�appels � poursuivre les investigations, selon le v�u qu�il formule dans son avant-propos. Apr�s les livres de Loewe-Dupas, Po�tique de la coupure (1995) et de Beate Ochsner, Charles Nodier Digressionen (1998), ce recueil confirme le renouveau des travaux consacr�s � Nodier et t�moigne de la richesse et de la vari�t� de son �uvre. Toutes ces approches rendent caduque l�image trop restrictive de l��crivain sentimental v�hicul�e pendant plus d�un si�cle, au profit de celle, plus juste, d�un �crivain dot� d�une grande curiosit� intellectuelle et d�un vif sens du jeu. Anne Geisler-Szmulewicz |