Georges Rodenbach. Les Essais critiques d�un journaliste. Choix de textes pr�c�d�s d�une �tude par Paul Gorceix, Champion, � Textes de litt�rature moderne et contemporaine �, 93, 2007, 360 pages. Dans un pr�c�dent compte rendu de l�ouvrage de Paul Gorceix, Georges Rodenbach 1855-1898 (Champion, 2006), je regrettais la part insuffisante faite, � mon sens, � l��uvre journalistique de Rodenbach. La lacune est d�sormais combl�e sans doute n�a-t-elle tenu qu�� la publication l�g�rement diff�r�e de ce second volume consacr� par Paul Gorceix � l��crivain flamand. Un bref � Avant-Propos � rappelle l�importance du journaliste, correspondant � Paris du Journal de Bruxelles de 1888 � sa mort en 1898, mais aussi collaborateur de nombreux journaux fran�ais, Le Gaulois, Le Journal, Le Figaro, et souligne le r�le de m�diateur entre la France et la Belgique qui fut le sien. Le choix de textes, tous repris du recueil publi� en 1923 par Pierre Maes sous le titre Evocations, comporte quatre parties distinctes. La premi�re reproduit l��tude sur � La Po�sie nouvelle � que Rodenbach donna � la Revue bleue en avril 1891 la seconde est consacr�e aux � Ecrivains � et reprend une partie des textes rassembl�s en 1899 dans un recueil posthume, L�Elite la troisi�me partie est �galement compos�e de textes repris de L�Elite, mais qui concernent non plus des �crivains, mais des artistes enfin une derni�re partie, en annexe, rassemble sous le titre � Villes et Paysages de Flandres � quatre articles consacr�s par le journaliste � Bruges, � l��le de Walcheren, � Gand et aux � villes flamandes �. Si l�on ne peut que se r�jouir de red�couvrir ainsi la critique de Rodenbach, il est en revanche permis de s�interroger sur les choix op�r�s. L�article sur la � po�sie nouvelle � a �videmment sa place dans le recueil en revanche la pertinence de l�insertion de l�annexe sur les villes flamandes n�appara�t pas clairement. Paul Gorceix la d�fend en pr�textant qu�elle concerne � les topo�, les hauts lieux de la Flandre, charg�s d�histoire que Rodenbach voulait faire conna�tre au public parisien � (301). Il n�en reste pas moins que ces textes n�ont pas grand-chose � voir avec les pr�occupations critiques du reste de l�ouvrage. On e�t pu sans dommage les laisser de c�t�, quitte � reprendre tous les articles de L�Elite, quitte aussi � compl�ter la part r�serv�e � l��tude introductive. Cette �tude, quoique assez longue, s�av�re en effet d�cevante. Les articles, successivement pr�sent�s, y semblent moins � introduits � � proprement parler que r�sum�s ou glos�s. Cela tient au parti adopt� par l�auteur de pr�senter, concernant chaque �crivain ou artiste, � le point de vue personnel de Rodenbach � (30). Louable en soi, ce parti conduit souvent Paul Gorceix � proposer un r�sum� plus ou moins complet de l�article, sans accorder suffisamment de place � des informations que le lecteur pourrait l�gitimement attendre. Il n�est pas rare par exemple que la date m�me d�un article ne soit pas pr�cis�e, alors m�me que Paul Gorceix a d�cid�, en ce qui concerne les �crivains, d�ordonner les textes �crits entre 1888 et 1898 non selon leur date de publication, mais selon � l�ancrage (des) auteurs dans le temps ou dans un genre � (28), n�gligeant ainsi le rythme propre � la publication des articles et leurs �ventuels �chos internes. Cette composition n�est pas n�cessairement sans int�r�t : il est certain que la lecture successive des textes consacr�s � Brizeux, Mistral et Daudet fait saillir tout l�int�r�t de Rodenbach pour les cultures et les langues r�gionales elle d�gage admirablement la part de nostalgie qui habite l��crivain flamand, cette � douceur des choses quitt�es � sur laquelle se termine l�article consacr� au breton Brizeux. Mais une datation pr�cise n�aurait rien �t� au propos. On e�t aim� de m�me qu�ici ou l�, une note souligne l�originalit� de la position de Rodenbach sur tel ou tel �crivain, tel ou tel artiste, en la situant par rapport aux regards contemporains. On e�t aim� encore qu�un chapitre f�t consacr� � l�esth�tique du journaliste, � sa mani�re de concevoir la critique, de l��crire. Ce n�est pas que ces r�flexions soient totalement absentes de l�ouvrage de Paul Gorceix il les distille, ici ou l�, au hasard de l�introduction d�un texte ou d�un autre. Manque en revanche l�approche synth�tique pr�cise, qui d�gagerait nettement les lignes de force, d�originalit�, mais aussi de faiblesse de la critique de Rodenbach. C�est au lecteur qu�est laiss� le soin de les reconstituer, au fil de sa lecture. C�est un peu dommage. Sans doute pouvait-il, sans l�aide de Paul Gorceix, d�gager le plan ou la progression logique de tel article, discerner aussi ce qui en faisait la ligne directrice. Il lui est en revanche plus difficile de situer le critique parmi ses contemporains, et l��tude introductive ne lui permet que rarement de le faire. On lira n�anmoins avec profit les textes ici rassembl�s, en une galerie de portraits assez remarquable. Peut-�tre peut-on trouver dans l�article consacr� � Baudelaire la cl� de l�art du critique, attach� � � reconstituer l��me fonci�re � d�un po�te ? C�est bien � un parcours d��mes que nous invite ce recueil, affirmant par l� la parent� intime de l�art du critique avec celui du po�te et romancier Rodenbach. |