H�dia BENMANSOUR BALAFREJ, Jules Vall�s artiste. Portraits de contemporains, pr�face de Paul Viallaneix, L'Harmattan, 2007, 230 p. Professeur de litt�rature fran�aise � Tunis, H�dia BENMANSOUR BALAFREJ est sp�cialiste de Jules Vall�s, sur qui elle a �crit plusieurs ouvrages et articles. Elle ouvre ici sa malle aux tr�sors pour nous montrer quelques p�pites parmi les innombrables textes qu'elle a r�unis nagu�re en vue de sa th�se sur Jules Vall�s �crivain de portrait (1999). Son dispositif est simple : par ordre alphab�tique, d'Edmond About � �mile Zola, elle rassemble les portraits de quelque cent cinquante contemporains, plus ou moins connus dans le champ litt�raire et dans le champ politique, croqu�s par Jules Vall�s. Pour chaque personnage, une note permet de le situer, et une ou des notes donne(nt) l'origine du ou des textes cit�s, tir�s aussi bien d'articles de journaux que d'ouvrages plus aboutis, comme la c�l�bre trilogie de Jacques Vingtras. Leur qualit� est donc in�gale, et l'ordre adopt� � qui a sa raison d'�tre et sa saveur � ne permet pas d'appr�cier les progr�s de Vall�s portraitiste pas plus qu'il ne permet d'estimer ces textes � l'aune de leurs conditions d'�criture, pourtant fort bien rappel�es dans l'avant-propos, qui retrace les �tapes de la vie de Vall�s. Le lecteur en est parfois frustr�, et se demande si l'on peut vraiment confronter ainsi le portrait tir� d'un texte journalistique �crit dans l�urgence, pour un lectorat sp�cifique, et avec des vis�es imm�diates � souvent pol�miques � d'une part, et de l'autre l'extrait d'un roman ou d'un r�cit �crit en exil, � partir du travail de recr�ation par le souvenir. Ce m�me lecteur est parfois g�n� par les coupes op�r�es dans les textes, de mani�re que ne soient gard�s que les portraits � et dans certains cas des anecdotes qui font portrait et il est tout heureux quand, de temps � autre, un long texte a pu �tre pr�sent� sans coupe. Car Vall�s a du talent � Paul Viallaneix le souligne dans sa belle pr�face. Ce talent, il l'a forg� dans son m�tier de journaliste selon lui, explique H�dia Benmansour Balafrej, � le portrait occupe une place centrale dans l'information qu'il compl�te, affine et commente : c'est la pierre angulaire de ses articles. Le m�tier de journaliste tel qu'il le con�oit le pousse chaque fois � d�crire ceux dont il parle. � (p. 14) Comme si Vall�s voulait compl�ter un article par une photo, mieux encore par un petit film, car, souvent, les portraits sont en mouvement. Un gros plan sur le visage de Zola : � Sa bouche refit sa moue, deux rides qui faisaient coup de sabre de chaque c�t� du nez reprirent leur place, et il ne resta de vivant et de tendu que les deux yeux. Je les vois encore. � (p. 214). Une esquisse de Saint-Marc Girardin : � Un prud'homme rouge et bouffi [...] qui tra�nera sa houppelande derri�re son pet-en-l'air dans les antichambres de Versailles. � (p. 105). Le trait peut �tre assassin : Jules Claretie ? � C'est un carnassier de Panurge qui a suivi les oiseaux de proie comme un corbeau de savetier suivant un vol d'aigles. [...] La bouche, en O, fait voui, voui � au lieu de oui � pour bien montrer qu'il vous �coute, qu'il est de votre avis, qu'il se garderait bien de penser autrement que vous. � (p. 67) Un portrait peu flatteur peut cependant sugg�rer tout autre chose que le m�pris : Henri Rochefort ? � Encore un masque p�le, mais avec de beaux grands yeux clairs, la bouche fine, des dents de marbre, la peau gr�l�e, coutur�e, une barbiche au menton comme un fer de toupie, une chevelure cr�pue et laineuse, plant�e comme la perruque d'un clown � les points de tout cela aiguis�es, tordues, �ternellement affil�es par les doigts nerveux de l'homme � cette face �trange est juch�e sur des �paules en portemanteau, et viss�e dans un faux col qui l'emp�che de tourner. � (p. 170) Savourant les trouvailles stylistiques, le lecteur se prend au jeu de la galerie de portraits : untel y est-il ? Surtout, en plus des autoportraits (� leur place, � la lettre V), il per�oit intens�ment la pr�sence de Jules Vall�s � qui, souvent, se fait moraliste pour r�fl�chir sur la d�cr�pitude des grands hommes (� Le voil� donc �, �crit-il d'�mile de Girardin, p. 106) et pour m�diter sur les ruin�s de la vie, � qui va toute sa tendresse. Le portrait r�v�le ainsi sa dimension politique � et c'est tout Vall�s qui nous est restitu� par ce livre. Agn�s SPIQUEL |