Informations pratiques
Universit� de Paris III � Sorbonne nouvelle
Centre Censier. Salle 410 (4e �tage)
13, rue de Santeuil
75005 Paris
M� Censier-Daubenton
Entr�e libre
Contact : [email protected]
L�extension du lexique et des modes de discours accessibles � la po�sie a �t�, en France, l�un des enjeux majeurs de la modernit�. Or, entre les Lumi�res et la fin de l�Empire, le succ�s de la po�sie scientifique, illustr�e notamment par Delille (dont Les Trois r�gnes de la nature paraissent en 1808, annot�s par Cuvier et une pl�iade de savants), est indissociable d�un d�bat th�orique et stylistique sur l�aptitude et le droit du genre � dire la science, ses mots, ses th�mes et ses tours propres. La Harpe explique que la po�sie � ne se pr�te volontiers, dans aucun idiome, au langage de la physique ni aux raisonnements �, et de multiples formules font �cho au rejet du vers par Buffon, qui y d�non�ait un � genre o� la raison ne porte que des fers �. Mais le m�me Buffon est salu� comme l�auteur d�une prose po�tique o� science et litt�rature se fondent, et Rougier de La Bergerie, d�s 1804, r�fute le clich� d�une langue po�tique fran�aise r�pugnant aux sciences en se r�criant : � Comment peut-on prescrire des bornes � la po�sie, dont le domaine est aussi vaste que celui de la nature et de l�esprit humain ? �. Bref, comme l�a soulign� Catriona Seth, la po�sie scientifique a jou� un r�le pr�coce et important dans le mouvement par lequel � le po�me conquiert le droit de tout dire et de le dire comme il l�entend �. Pourtant, l�histoire litt�raire attribue l�essentiel de cette lib�ration au romantisme�
Aussi ces d�bats m�ritent-ils d��tre revisit�s et replac�s dans le contexte �largi de la construction de nos d�finitions actuelles du po�tique. Les po�mes scientifiques ont-ils adult�r� science et po�sie en cherchant � les concilier ? Quelle place raisonnement et lexique savant ont-ils pu trouver dans le po�me, en vers ou en prose ? M�taphores et p�riphrases ont-elles obscurci la limpidit� des connaissances, ou soulign� leur complexit� et leur part d�approximation ? Le langage scientifique ne peut-il �tre d�tourn� et transform� en objet de cr�ation, ou en support pour l�imagination ? La po�sie a-t-elle voulu transmettre un savoir ou sauver l�unit� de la langue en poursuivant son illustration dans la lign�e de Du Bellay ? Quels furent les arguments de ce d�bat, leur �volution, et les r�alisations contradictoires qu�ils ont suscit�es, dans la po�sie scientifique, mais aussi dans l�ensemble de la cr�ation po�tique ?
C�est � ces questions que les interventions s�articuleront, en un parcours qui ira de la fin des Lumi�res � la po�sie de C�saire.