L��crivain et le mod�le arch�ologique au XIXe si�cle(roman / critique litt�raire)Colloque organis� par le Centre Universitaire de Formation et de Recherche de N�mes avec le soutien du Centre d�Etudes Romantiques et Dix-neuvi�mistes de l�Universit� Paul Val�ry [Montpellier III] Les lundi 3, mardi 4 et mercredi 5 juillet 2006Responsable : Martine Lavaud Comit� scientifique : Marie Blaise, Pierre Citti, V. Krings,M. Lavaud, Sylvie Triaire, Alain Vail |
Appel � communication
Dans la pr�face de Mademoiselle de Maupin (1835), Gautier imagine que des antiquaires du mill�naire suivant exhument le cadavre de Paris p�trifi� sous un linceul de cendres afin de l�examiner et d�en �valuer la beaut� pass�e. Ce r�ve pomp�ien r�v�le la pr�sence pr�coce du mod�le arch�ologique dans l��uvre de Gautier, et sa double influence : une influence �pist�mologique perceptible dans le projet critique des Grotesques (1844), et une influence esth�tique et fictionnelle lisible dans les exemples fameux d�Arria Marcella (1852) ou du Roman de la Momie (1857). Qu�il inspire le travail de la critique litt�raire ou celui d�une arch�o-fiction qui met fin au traditionnel r�cit de voyage didactique repr�sent� par les Aventures de T�l�maque (1699) de F�nelon, le S�thos (1731) de l�abb� Terrasson et autres pr�c�dents du Voyage du Jeune Anacharsis (1788), le m�tier d�arch�ologue peut �tre un mod�le, un truchement, parfois m�me un �tat.Ce colloque voudrait �tudier les modes d�implantation de l�arch�ologie dans la matrice romanesque ou critique, ainsi que leurs implications �pist�mologiques et esth�tiques. Concernant le versant romanesque, pourra �tre retenu tout texte d��crivain ou m�me d�arch�ologue qui, regardant l�arch�ologie comme une source et un mod�le, d�passe la r�alit� discontinue et les limites informatives du fragment par le recours au tissu de sa mise en fiction. Les textes autres que romanesques (r�cits de voyages, correspondances, articles critiques�) ne pourront �tre pris en compte que lorsque, proposant une repr�sentation particuli�re de l�arch�ologue ou de l�arch�ologie, ils constitueront une phase pr�paratoire ou une r�flexion critique sur l�arch�o-fiction. On pourra s�par�ment ou conjointement examiner plusieurs aspects, par exemple : - la gen�se textuelle, en examinant la nature de la collaboration ou de l�influence arch�ologique (mode d�exploitation des documents scientifiques, des relev�s iconographiques, visite des sites�) - les repr�sentations, les postulations de l�imaginaire romanesque et leur validit�, de la description architecturale � l�hypoth�se des faits, en passant par les figures d�identification au personnage de l�arch�ologue (repr�sentation r�aliste ou caricaturale, naissance de la figure hybride du h�ros arch�ologue et aventurier qui sublime tout ensemble celles de l��crivain et du savant et se distingue du personnage de l�antiquaire�) - l��criture et le style, en particulier la question du rapport � l��rudition qui se pose pr�cis�ment dans le genre arch�o-fictif. Il s�agit de relever le d�fi de l�imaginaire scientifique, de rendre compatibles l�heuristique arch�ologique et son d�sir de ressusciter avec le risque de p�trification que l��rudition fait courir au conglom�rat textuel indigeste, perp�tuellement menac� de d�litement (c�est le texte � mosa�que � �voqu� par Gautier pour caract�riser le Roman de la Momie). Dans cette perspective, l�arch�ologie n�est plus seulement un mod�le ou une caution : elle fait l�objet d�un d�passement par lequel l�artiste affirme sa singularit� et son pouvoir les questions de la r�ception et de l�influence de l�arch�o-fiction, de l�argumentaire et de la validit� des discours critiques (notamment lorsqu�ils �manent d�arch�ologues, comme Froehner et E. Feydeau s�adressant � Flaubert et Gautier), � l�impact �ventuel du genre sur les vocations ou les recherches arch�ologiquesd�un point de vue comparatif, les diff�rences de traitement distinguant les fictions d��crivains inspir�s par l�arch�ologie�et celles d�arch�ologues s�improvisant �crivains (le corpus restant, dans ce dernier cas, � constituer). Enfin le cas original du � futurisme arch�ologique � qui, tenant � la fois de l��valuation scientifique et de l�imaginaire esth�tique, r�ve le monde pr�sent comme un chantier de fouilles � venir Par ailleurs, le foss� qui semble s�parer le travail du romancier de celui de l�historien litt�raire n�est pas si profond qu�il n�y para�t : certains �crivains comme Gautier ou Nerval pratiquent conjointement l�arch�o-fiction et la critique dite � grotesque�, qui prend � la lettre le substrat �tymologique du terme (� grotte �) et fait de l�arch�ologie un nouveau mod�le �pist�mologique de l�histoire litt�raire. Il s�agit en somme de creuser sous les grands monuments de la litt�rature (Racine, Malherbe�) afin d�exhumer les restes des oubli�s et d�entreprendre un chantier de r��valuation du paysage litt�raire. C�est l�id�e que cultive Gautier qui, de 1834 � 1844, consacre dix articles � quelques � poetae minores �. Ces � Grotesques � prennent valeur d�exemplarit�, vulgarisent une acception du terme distincte de la notion hugolienne et renforcent l�impulsion d�un mouvement illustr� par Saint-Marc Girardin, Sainte-Beuve, Chasles, Nodier, Victor Fournel (�).On se propose de ressusciter et de r��valuer cette branche mal connue de la critique, ses outils et ses enjeux, en envisageant quelques aspects qui du reste recoupent ceux de l�arch�o-fiction : sur le plan �pist�mologique, la m�thode employ�e et sa pertinence, sachant qu�elle peut pr�supposer un arasement des jugements de valeurs � bourgeois � et permettre � l��crivain d�couvreur et justicier de consid�rer les interstices de l�histoire (ce que fait analogiquement Salammb� qui choisit la r�volte avort�e des Mercenaires plut�t que le � delenda est Carthago �) sur le plan des repr�sentations, la pr�sence et le devenir de la m�taphore arch�ologique, que l�historien litt�raire dessine en filigrane un autoportrait en arch�ologue, ou inversement en exhum� potentiel (ce dernier constituant alors une application critique du futurisme arch�o-fictif) concernant l��criture, la pr�sence de l��rudition et son traitement stylistique, hors des sentiers battus et � fossilisants � de l�historiographie litt�raire acad�mique s�agissant enfin de la r�ception, la validit� et la post�rit� des conclusions propos�es par la critique grotesque Telles sont donc les pistes diverses, mais convergentes, qu�on se propose d�explorer gr�ce � ce colloque dans lequel, en particulier pour ce qui concerne l�arch�o-fiction, la participation d�arch�ologues ou d�historiens sera la bienvenue. Les propositions de communication sont � envoyer � Martine Lavaud, 2, rue H�tel Dieu, 30 900 N�mes, [email protected] |