Violence et persuasion dans le discours Journ�e d��tude � I 24 juin 2008� Maison Suger � (16-18 rue Suger � Paris 6e) Luce Albert & Lo�c Nicolas Programme9h00 Accueil des participants � collation 9h20 Ouverture de la journ�e Pr�sidence : Christelle Reggiani (MCF habilit� / Universit� de Paris Sorbonne � Paris IV)
D�jeuner Pr�sidence : Emmanuelle Danblon (Chercheur qualifi� au FNRS / Universit� Libre de Bruxelles, Ltpc, Gral)
Comit� scientifique
Cette journ�e d��tude constitue la premi�re �tape d�une s�rie de trois rencontres scientifiques organis�es autour de la � fonction critique � de la parole rh�torique. La deuxi�me journ�e doctorale qui aura lieu en octobre 2008 s�appliquera � poursuivre le travail d�but� ici. Aussi, malgr� la litt�rature existant sur le sujet, souvent d�un int�r�t remarquable pour l�objet qui nous occupe, il nous a sembl� profitable de reconsid�rer le champ discursif de la pol�mique, afin d�en actualiser la d�finition par une investigation diachronique � de l�Antiquit� � l��poque moderne � capable de r�v�ler les contours et les r�gularit�s de cette production langagi�re d�apparence marginale. Toute l�ambition historique autant que th�orique de la pr�sente enqu�te est de parvenir � dresser l��tat des lieux d�une question � la fois centrale et probl�matique dans le cadre d�une r�flexion sur les conditions de la persuasion. Partant, le projet consiste-t-il d�une part � interroger les modalit�s pratiques d�une prise de parole primordialement caract�ris�e par l�attaque et l�opposition, voire la disqualification syst�matique de la parole d�un autre (adversaire r�el ou imagin�) � ce que nous pourrions appeler l�usage vectoris� de la violence verbale �, d�autre part � analyser le dispositif rh�torique propre � l�gitimer le proc�s oratoire et favoriser la transaction du sens. Or, pour que le pol�miste puisse pr�tendre, par son statut et sa posture �thiques, gagner l�auditoire, le rallier � ses vues, il ne peut renoncer � ins�rer son discours dans l�univers doxal des choses acceptables, ni � le soumettre aux attendus contractuels d�une rencontre sociale d�finie dans ses rites, comme dans ses codes. De fait, un tel dispositif semble exercer une contrainte g�n�rique et conventionnelle sur l�orateur, en instituant un sens de la mesure et de l��-propos. La pol�mique prescrit ses r�gles et ses armes, impose ses conditions, son terrain d�action ou de r�action : un mot de trop, un tour mal pes�, et tout le projet rh�torique se trouve mis en �chec faute d�une entente p�renne sur les enjeux et les fins du combat. Mais qu�en est-il des exc�s possibles, des d�rives, des limites (sociales, morales, �thiques, techniques) de ces discours dispos�s en ordre de bataille et n�anmoins en qu�te de reconnaissance et d�approbation ? Nous faisons � ce propos l�hypoth�se que la guerre par les mots, cette � guerre pour de rire �, selon l�expression de Catherine Kerbrat-Orecchioni, demeure rh�torique dans son essence m�me, au sens o� celle-l� vise d�abord le d�passement de la violence physique, l�absorption du corps � corps dans le mot � mot. Qu�on tente de l��vacuer, de la dissimuler derri�re une �vidence fictive en faisant � comme si � tout allait de soi, ou, au contraire, qu�on la mette en sc�ne ostensiblement � des fins strat�giques, la pol�mique demeure au c�ur de l�entreprise oratoire. Elle constitue un horizon possible, une �ventualit�, une ressource circonstancielle disponible � la crois�e des genres. C�est pourquoi, n�gliger sa pertinence, son importance topique aurait pour effet de r�cuser l�id�e essentielle suivant laquelle � l�origine et au fondement de tout discours r�side une cause � gagner, un contradicteur � �vincer, des arguments � contester, et, en fin de compte, un auditeur � persuader de la sup�riorit� d�un dire inscrit dans une hi�rarchie (souvent implicite) des valeurs et des pr�f�rences. Provocation, incitation � la r�ponse, une telle parole invite � la surench�re, � la contre-attaque, � la pointe, � la recherche de l�argument imparable � cette munition discursive � qui viendrait enfermer dans ses formes la bataille des mots, et clore le rapport de force entre des protagonistes plus ou moins bien dot�s pour mener � son terme la joute verbale et soutenir cette situation instable sans vaciller. Contacts
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