La satire litt�raire depuis la R�volution

Mauvais genre. la satire litt�raire moderne

Colloque international

Centre de recherche sur les modernit�s litt�raires (Bordeaux 3)

(16, 17, 18 mars � biblioth�que municipale - CAPC)

Exposition de caricatures et images satiriques des Fonds Patrimoniaux de la biblioth�que municipale pendant le colloque.

Le centre de recherches sur les modernit�s de  L�UNIVERSITE MICHEL DE MONTAIGNE-BORDAUX III organise un colloque qui se tiendra � Bordeaux en MARS 2006 sur LA SATIRE LITTERAIRE DEPUIS LA REVOLUTION.

Texte  programmatique :

Si l�on cherche � retracer un historique de la satire, on se trouve d�j� devant trois objets, que l�on pourrait nommer l�esprit satirique, le genre satirique et le mode satirique, et l�on voit d�j� appara�tre cette h�t�rog�n�it� qui est au c�ur de la po�tique satirique. De plus, ces trois objets ne se distribuent pas dans le temps selon un ordre successif : seul le genre occupe une p�riode d�limit�e, de l�Antiquit� latine au XVIIIe si�cle, les deux autres remontant plus haut et poursuivant toujours leur existence.

            L�esprit satirique, li� � la conception magique du verbe dans les soci�t�s archa�ques, anime une �nonciation performative, capable de d�truire sa cible par la mise en forme versifi�e d�insultes railleuses. Il a �t� canalis� par des formes litt�raires (vers iambiques, drame satyrique, sotie ou textes po�tiques engag�s - Les Tragiques, Les Ch�timents) et des pratiques sociales (saturnales, carnaval, trait d�esprit), o� le ridicule continue � tuer au moins m�taphoriquement. Mais la satire s�est codifi�e chez les Latins en genre po�tique (Horace, Juv�nal), red�couvert par les �tudes humanistes puis illustr� en France par R�gnier et Boileau avant de p�ricliter au XVIIIe si�cle. La satire comme mode de repr�sentation remonte quant � elle � la m�nipp�e. Travaillant de l�int�rieur les genres litt�raires ou cr�ant ses propres formes, ce mode parasitaire et inventif, f�cond et prot�iforme, n�a jamais pu se codifier ni fixer ses limites.

L�extr�me diversit� formelle (fable, caract�res, utopie, anatomie, maximes, essai�) et tonale (du macabre au ludique, de l�obsc�nit� � l��l�gance spirituelle, du nihilisme au discours moralisateur), la capacit� de cr�er des r�alisations originales, d�investir de nombreuses formes d�expression (artistiques ou non) et de contaminer les genres (ponctuellement ou totalement), voire de les subvertir au point de les rendre m�connaissables, posent un probl�me aigu de d�finition, qui s�est r�v�l� avec d�autant plus d��vidence que le seul genre �tabli, la satire formelle en vers, a disparu.

Une conception courante privil�gie la dimension axiologique et la vis�e pragmatique, en identifiant souvent la voix satirique � celle de l�auteur, et en r�duisant la polymorphie � un catalogue de supports. La critique anglo-saxonne, dans le sillage de Frye et de la r�flexion bakhtinienne sur la m�nipp�e et le dialogisme, a tent� de dresser une po�tique de la satire comme mode de repr�sentation et de conceptualiser sa confusion interne, son ambigu�t� et son caract�re prot�en au sein d�une esth�tique propre. Ces travaux ont ouvert la possibilit� d�analyser le mode satirique dans des �uvres qui semblent �chapper � toute saisie conceptuelle ou qui ne sont pas n�cessairement consid�r�es d�embl�e comme des satires.

Ce colloque a pour but d�explorer la probl�matique satirique au sein de la modernit� :

1. dans un champ allant de la fin du genre � nos jours, les incursions en amont du XIXe si�cle ne pouvant �tre qu�exceptionnelles et se justifiant par l��clairage qu�elles jettent sur les formes post�rieures,

2. dans la litt�rature, et en particulier dans des �uvres qui n�ont pas �t� consid�r�es sous cet angle et permettent de renouveler la r�flexion,

3. avec pour finalit� d�affiner et d�enrichir la conceptualisation du mode, dans le sillage des th�ories du XXe si�cle, en �clairant le destin de la satire depuis qu�elle a quitt� la voie balis�e du genre formel, sans se limiter � un catalogage th�matique de cibles.

 

On peut par exemple explorer :

• - les hybridations issues de la rencontre du mode satirique et d�un genre litt�raire : les rapports entre la satire et le roman, forme d�autant plus accueillante que ses contours sont peu d�limit�s, et d�autant plus r�fractaire que ses codes se conforment mal � l�esth�tique satirique (discontinuit�, r�p�tition, personnel fig�, fin ouverte) ; le fonctionnement du mode satirique dans des textes po�tiques ne relevant plus du genre (Banville, Laforgue) ; la mise en �uvre de la th��tralit� satirique dans une �uvre dramatique (Ionesco, Jarry) ou non dramatique
• - l�inventivit� dans les r�alisations textuelles hors genre, ou dans des sous-genres que la satire met � la mode (physiologies du XIXe) ou qu�elle parodie ou recompose (le voyage, dans l�ethnologie imaginaire de Michaux)
• - les combinaisons de la satire avec des courants litt�raires (r�alisme), des types de textes, des registres et des imageries (fantastique, inqui�tante �tranget�, bas corporel, pornographie, macabre, vision apocalyptique), des formats (textes brefs / longs), des disciplines (philosophie) et les repr�sentations qui en r�sultent (utopie)
• - les diff�rentes modalit�s que prend la satire au XIXe et au XXe si�cles, y compris dans des �uvres o� on ne la situe pas forc�ment : la satire dans le r�cit r�aliste chez Balzac ou Maupassant est diff�rente de celle de Madame Bovary, mais on peut aussi voir les formes qu�elle prend dans des textes aussi diff�rents que Bouvard et P�cuchet, Paludes ou les �uvres de C�line, Beckett, Cohen ou Pynchon. L�exploration d�une �uvre sous l�angle de la satire peut mettre en lumi�re certains �l�ments de sa po�tique peu accessibles au moyen de la notion de genre (Ulysse)
• - un probl�me typiquement satirique : la construction des personnages (typifi�s, per�us de l�ext�rieur, non �volutifs et jug�s sur actes), ou le probl�me de la fin non conclusive. On peut aussi s�attacher � des �l�ments cl�s de la po�tique satirique (fragmentation, structure �pisodique, encyclop�disme, inversion, confusion, temporalit� cyclique, comico-s�rieux). L��nonciation satirique peut �tre envisag�e du point de vue de sa polyphonie, de son ambigu�t�, de son militantisme. Les contradictions inh�rentes � la satire offrent aussi un riche terrain d�investigations (sa tendance � l�esth�tisation du vice, au pur ludisme, au nihilisme, ou sa faillite pratique)
• - la sc�nographie et le personnel satiriques, avec ses r�les types (eiron, alazon, na�f, �tranger, bouc �missaire, raisonneur et leurs diff�rentes incarnations)
• - les rapports entre la satire et le monde de la presse (� petits journaux � du XIXe)
• - les rapports entre la satire et les modes et strat�gies comiques (caricature, parodie, burlesque, grotesque, bel esprit, humour, d�rision, absurde, non-sens) ou pol�miques (pamphlet)
• - la rh�torique satirique, sa mise en �uvre de la m�taphore et des autres tropes (ironie, all�gorie)
• - le rapport de la satire � la r�alit�, � l�histoire, � l�id�ologie, � la norme, � la litt�rature, au langage - et � elle-m�me (vis�e pragmatique et r�formatrice, r�f�rentialit�, intertextualit�, d�tournement, viol des codes litt�raires, r�flexivit�, autodestruction).

Du point de vue th�orique, on peut faire appel � Frye et � Bakhtine, mais aussi � tout le courant anglo-saxon qui s�est d�velopp� au cours du XXe si�cle. On y trouvera des th�ories et des outils d�analyse extr�mement divers, perspectives ethnologiques, narratologiques, psychanalytiques ou esth�tiques, dans des cadres vari�s, New Criticism, d�constructionnisme, gender studies, etc.

Pour la bibliographie, on peut se reporter � Duval, Sophie, Martinez, Marc, La satire (litt�ratures fran�aise et anglaise), Paris, Armand Colin, � U �, 2000, et pour compl�ment au site : Theorizing Satire � A Bibliography (http://www.otus.oakland.edu/english/showcase/satbib.htm)

JEUDI 16 MARS

Matin

Apr�s-midi

Ouverture :

• 9h00 : Mot de bienvenue de Dominique Rabat�, directeur du groupe Modernit�s et de l��cole doctorale EDILEC
• Ouverture du colloque par Sophie Duval et Jean-Pierre Sa�dah

S�ance pr�sid�e par Marie-Claire Rouyer-Daney

Prologue m�tacritique : apologia

• 9h25 : Fredric V. Bogel (Cornell University) : Modern Satire Criticism : Models, Borrowings, and Futures
• 9h50 : Marc Martinez (universit� de Bordeaux 3) : Le Conte du tonneau de Jonathan Swift ou l'anatomie de la satire moderne
• 10h15-10h45 : discussion et pause
• 10h45 : Mishele Bokobza Kahan (universit� de Tel-Aviv) : Satire et philosophie dans le discours sur la tol�rance chez Voltaire
• 11h10 : Pascale Hummel (CNRS-INRP) : La philologie moqu�e, ou l'�rudition classique entre m�connaissance et m�pris (France, XVIIIe-XIXe si�cles)
• 11h35 : discussion

S�ance pr�sid�e par Bernard Vouilloux

• 14h00 : Delphine Gleizes (universit� de Lyon 2) : Du texte au dessin : l��criture satirique hugolienne et ses implications graphiques
• 14h25 : Monique J�gou (Paris) : La caricature comme rh�torique de la satire dans les romans r�alistes du XIXe si�cle
• 14h50 : Fran�oise Sylvos (universit� de la R�union) : La satire et l�utopie entre 1800 et 1850
• 15h15 : Sandrine Berthelot (universit� catholique de l�Ouest, Angers) : Robert Macaire ou la satire moderne
• 15h40-16h10 : discussion et pause

S�ance pr�sid�e par Jos�-Luis Diaz

• 16h10 : Pierre Laforgue (universit� de Besan�on) : Balzac : Les Deux Amis, "Conte satyrique"
• 16h35 : No�lle Benhamou (universit� de Picardie) : De qui se moque-t-on ? La satire dans les contes du pr�toire de Maupassant
• 17h00 : Daniel Grojnowski (universit� de Paris VII) : Satire de quoi : � propos des Contes cruels de Villiers de l�Isle Adam
• 17h25 : discussion

SAMEDI 18 MARS

Matin

Apr�s-midi

S�ance pr�sid�e par Philippe Chardin

• 9h00 : Elisheva Rosen (universit� de Tel-Aviv) : Statut et fonction des vignettes satiriques dans le roman : l�exemple de Balzac et de Proust 
• 9h25 : Isabelle de Vendeuvre (universit� de Reims) : Le regard clinique : proc�d� ou cible de la satire proustienne et jamesienne?
• 9h50-10h20 : discussion et pause

S�ance pr�sid�e par Jean-Marie Seillan

• 10h20 : Jonathan Pollock (universit� de Perpignan): � Blast humour � : la surench�re satirique du mouvement vorticiste londonien
• 10h45 : Nicolas Di M�o (universit� de Bordeaux 3) : Fascination et contestation : les ambigu�t�s du mode satirique dans l��uvre de Paul Morand
• 11h10 : St�phanie Ravez (universit� de Bordeaux 3) : Anatomie du sujet dans les fictions de Samuel Beckett
• 11h35 : discussion

S�ance pr�sid�e par Daniel Sangsue

• 14h00 : Fabienne Diamond (universit� de Bordeaux 3) : Le rigodon du Voyage : la satire c�linienne entre danse et silence
• 14h25 : Elzbieta Grodek (McMaster University, Hamilton) : Les avatars d'un topos satirique : la danse macabre au th��tre et � l'op�ra (Ghelderode et Ligeti)
• 14h50-15h20 : discussion et pause

S�ance pr�sid�e par Herv� Fourtina

• 15h20 : Daniel Sangsue (universit� de Neuch�tel) : Satire et parodie dans Macbett d�Ionesco
• 15h45 : Olivier Penot-Lacassagne (CNRS-universit� de Paris 3) : Charabia satirique et parler vrai dans les � Glossomanies � de Christian Prigent

�pilogue r�flexif

• 16h10 : Philippe Chardin (auteur de Alma Mater. Le premier "roman comique" inspir� par l'universit� fran�aise, universit� de Tours) : Alma Mater : th�orie et pratique
• 16h35 : discussion et cl�ture du colloque