Stendhal � Cosmopolis
Stendhal � CosmopolisStendhal et ses langues Lundi 1 er et mardi 2 D�cembre 2003
Maison des Sciences de l'Homme-Alpes Appartement natal de Stendhal PR�SENTATION DE LA TH�MATIQUE" Son Moi vit � Cosmopolis et pense en toutes les langues." (P. Val�ry, Vari�t�s) |
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L'objectif de ce colloque n'est pas l'approche du rapport de Stendhal et des langues - m�me si ce point de vue n'est pas exclu - mais de Stendhal et ses langues : rapports complexes d'appropriations en partie affectives (italien), de refus paradoxaux (allemand) et, plus subtilement, les emprunts, modifications, alt�rations qui conduisent Stendhal � m�langer, d�former les langues dont il h�rite ; � subvertir les filiations id�ologiques pour tenter de fabriquer un " langage-self " (Journal) qui d�fie l'interpr�tation r�ductrice des signes. Cette r�flexion s'inscrit dans le cadre �largi du Romantisme, sa " versabilit� " (Novalis) qui fait du " romantisme lui-m�me une traduction " (Brentano) en m�me temps que persiste la croyance en " un lieu d'une parole autre " (P. Kaufmann) et l'aspiration � une " langue naturelle " comme langue natale. Le point de d�part sur l'arbitraire des signes dont Stendhal h�rite avec Condillac, mais qu'il corrige avec Maine de Biran se complique pour quelqu'un qui n'�chappe pas � l'attirance cratylienne d'une partie du romantisme, ni � l'aspiration pour une " langue sacr�e, celle des gens qui aiment la musique " (Souvenirs d'�gotisme). Comment situer son " sabir " dans le d�bat fondateur de Ballanche entre ceux qui " cr�ent la langue " ou " ceux qui la re�oivent " ? De l'h�ritage des langues anciennes � la conscience d'une langue historicis�e, bient�t v�cue comme langue morte - " Personne ne parle plus sa langue " (Gautier) - on peut revenir � l'antith�se de Dante entre " l'amour de la parole et le savoir de la parole ", " amour de la parlure " qui justifie " un r�ve de la langue " (Agamben). Du d�sir d'italien comme langue de la m�re, jamais devenue " langue maternelle ", alors que s'ouvre en Italie le d�bat sur la langue (Crusca), Stendhal n'a de cesse, on le sait, d'essayer d'inventer des moments de " babil heureux " (Rousseau), " babil " toujours compromis par l'aporie du/des langues, ou le disant " de l'autobiographe, si proche des " choses indisables " de Flaubert. Qu'est-ce donc pour Stendhal que penser dans une/des langues, qui repr�sentent toujours l'inscription du " poids vital de l'autre " (Cheng) ? On pr�f�rera proposer des directions plut�t que des directives : toute approche critique (linguistique, voire philosophique, pragmatique, th�matique, etc.) qui contribue � enrichir le sens de la polyphonie des signes dont Stendhal se sert, faute de mieux, pour essayer de constituer sa propre langue : de l'usage - y compris graphique - de la ponctuation, des ratures aux emprunts polyglottes par lesquels Stendhal configure son monde, dans le sillage d'un cosmopolitisme h�rit� des lumi�res, dramatiquement perturb� par " l'aphasie " (Quinet) de la R�volution ; peut-�tre la " mani�re " de Stendhal, l� o� il prend ses distances par rapport au " style ", le difficile usage des langues qui conduit l'�crivain � osciller sans cesse entre " une patrie et un exil ".
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